Judit Reigl suit les cours de l’académie des Beaux-Arts de Budapest de 1941 à 1946. Bénéficiant d’une bourse d’études, elle quitte Budapest au mois de décembre 1946 pour Rome où elle réside jusqu’en octobre 1948.
Après huit tentatives, elle réussit à quitter la Hongrie le 10 mars 1950. Arrêtée en Autriche, dans la zone occupée par les Britanniques, elle est emprisonnée deux semaines dans un camp d’où elle s’enfuit. Après un voyage le plus souvent effectué à pied, en passant
par Munich, Bruxelles et Lille, elle arrive à Paris le 25 juin 1950, où elle est accueillie par son compatriote Simon Hantaï, qui lui présente André Breton.
Elle rencontre ainsi le groupe surréaliste parisien en 1950. En 1954, sa première exposition est organisée à la galerie L’Étoile scellée. La préface du catalogue est écrite par André Breton, qui la reprendra dans l’édition de 1965 de son ouvrage Le Surréalisme et la peinture. En 1956, elle fait partie, avec Jean Degottex, Simon Hantaï et Claude Viseux, de l’exposition Tensions à la galerie René Drouin.
De 1958 à 1965, elle développe la série des Guano, toiles ratées posées sur le parquet et sur lesquelles Judit Reigl a « travaillé, marché, déversé de la matière picturale qui coulait, imbibait, s’écrasait sous [mes] pieds », faisant ainsi intervenir le « hasard objectif » cher à Breton. En 1966, elle commence une série de torses humains. Puis à partir de 1973, dans la série
intitulée Déroulements, elle aligne des taches de couleur sur différents fonds en marchant le long d’une toile non tendue. Dans cette série, comme dans la série suivante Entrée-Sortie (1986-1988), le procédé original entraîne une diffusion des couleurs à travers les fibres de la toile qui produit un effet moiré par transparence.
Elle réalise également des séries de dessins en 1958-1959, 1965-1966 et 2009-2010. Pour la première série qui porte le titre Présence, elle souffre de tendinite et se consacre pendant un an à des petits formats 21 x 27 cm sur papier à l’encre de Chine. Elle s’inspire des musiciens tels Bach, Luciano Berio, Mozart. Dans la troisième série, elle dessine des grands formats où le noir et le blanc ont une valeur égale. Elle réalise tel un musicien une partition rythmée de vide et de plein. Elle déploie à même le sol de son atelier de longs rouleaux de papier de 70 cm de large, sur une longueur de 7 à 10 m. Elle engage un combat avec tout son corps, une grande liberté de gestes. Son œuvre terminée, elle découpe la bande de papier pour cadrer les dessins réalisés.